Pour beaucoup, l’île Maurice est une destination qui fait rêver : sable blanc, eau turquoise, climat ensoleillé…
Mais Maurice ne se résume pas qu’à un lieu de vacances.
Arrivée en 2018 avec un occupation permit professionnel (soit un visa lié à un contrat de travail), j’ai posé mes valises et je ne suis plus repartie. Satisfaite ? Des regrets ?
Après plus de 4 ans sur cette île, je vous fait le bilan de mon expatriation.
Opportunités professionnelles ?
Oui il y en a mais pas dans tous les secteurs. Le gouvernement Mauricien va laisser la priorité aux Mauriciens sur la plupart des postes. Pour les compétences plus difficiles à trouver sur place, c’est là où vous aurez plus de chance. Cela a été mon cas : avec quelques années dans un cabinet de conseil en France, je me retrouve sur un poste de manager sur des projets digitaux. Si vous êtes salarié comme moi, les opportunités pour bouger d’une boite à une autre seront assez limitées. Comme vous le verrez bien vite, tout le monde se connait.
L’idéal est de ne pas dépendre que du marché mauricien, si vous pouvez avoir un employeur étranger et que vous pouvez travailler depuis Maurice (sur un visa premium ou un visa self employer) vous serez plus indépendant.
J’avais trouvé mon premier emploi par une relation, puis j’ai trouvé mon second emploi sur le site myjob.mu. Le plus simple reste quand même d’être à son compte selon moi.
Je tiens à préciser qu’il y a beaucoup de monde sur les routes à Maurice donc il faut bien réfléchir à votre lieu de vie en fonction de votre lieu de travail, car on peut facilement passer plus d’1 heure sur la route.
Plus d’informations sur la conduite à Maurice dans mon article.
Vie sociale, est-ce facile de rencontrer de nouvelles personnes ?
Nombreux sont les Français à vivre sur cette petite île de moins d’1 300 000 habitants.
A Maurice, on se rend compte que « le monde est petit » et on croise souvent des personnes que l’on connait. Etant loin de la métropole, il sera plus simple de créer des liens d’amitié avec les Français sur place ou les Belges. J’imagine que c’est la même chose pour les Sud Africains, 2ème nationalité d’expatriés sur l’île.
Les Mauriciens sont un peuple très accueillant et souriant. On est vite mis à l’aise ce qui nous change de l’accueil froid dans les boutiques ou les restaurants parisiens. On voit une vraie entraide, toujours prêts à rendre service.
Si vous souhaitez faire de nouvelles rencontres, il y a beaucoup d’évènements mondains via l’association Maurice Accueil, Expat.com ou via des groupes Facebook comme par exemple Les Français de l’île Maurice.
Vous n’utilisiez plus Facebook ? Vous devrez peut-être retrouvé vos identifiants et mot de passe car c’est un réseau social très utilisé ici. Cela vous permettra de vous tenir informé de tous les événements aux alentours (marchés de Noël, concerts, randonnées, spectacles…).
Dans tous les cas, il vous faudra l’appli WhatsApp. C’est l’appli que tout le monde utilise, surtout pour envoyer sa géolocalisation. Et ici, pas de MMS, tout passe par WhatsApp.
Dites vous que vous n’êtes pas seuls, vous pourrez toujours faire des rencontres avec les parents des amis de vos enfants, via les clubs de sport, voisins, collègues, etc.
Les loisirs et divertissements, on fait vite le tour non ?
Vous vous doutez bien que nous ne passons pas notre vie à la plage à siroter une coco toute la journée. L’île est petite certes mais elle regorge d’activités à faire. Si vous aimez les sports aquatiques et les randonnées, vous serez servis.
Pour la vie culturelle, vous avez des spectacles de temps en temps au Caudan Arts Center à Port Louis et quelques musées et lieux historiques un peu partout sur l’île. Mais ne vous attendez pas à des expositions et sorties théâtre différentes toutes les semaines.
Pour les activités avec les enfants, je vous renvoie à mon article dédié à ce sujet.
Vous pouvez aussi suivre tous les événements à venir sur Facebook.
Une activité plaisante à faire : profiter des superbes hôtels le temps d’un week-end. En tant que résident, vous pouvez bénéficier de prix avantageux et ça vaut vraiment le coup. Pendant le COVID, on a pu séjourner dans des hôtels 5 étoiles que nous n’aurions pas pu nous offrir en temps normal.
Vie de famille, éducation ?
Arrivés en couple, nous sommes désormais les heureux parents de deux garçons, nés à Maurice. Ils vont tous les deux à la crèche.
Nous découvrons les joies des fermetures d’école pour cause de fortes pluies, pluies torrentielles ou alerte cyclonique. Depuis la rentrée 2023, soit Janvier, il y a déjà eu 5 jours de fermeture (nous sommes le 7 février). Il faut donc s’organiser pour faire garder les enfants dans ces cas-là quand les 2 parents travaillent. En général, cela n’arrive que pendant les 2 premiers mois de l’année.
Sachez que la crèche ne fait pas partie du Ministère de l’éducation, de l’enseignement supérieur, de la science et de la technologie et donc la crèche n’est pas forcément concernée par les avis d’intempéries. En effet, les crèches sont sous l’égide du ministère de l’Égalité du genre et du Bien-être de la famille.
Sinon, pour les plus grands, vous pourrez apercevoir des vans ou bus scolaires qui déposent et ramènent les enfants. C’est un système courant ici. Dans tous les cas, réfléchissez bien aux modes de garde car l’école finit tôt ici, aux alentours de 15h : nounou, garderie, activité péri-scolaire, parents…
La plupart des parents étrangers choisiront des établissement privés, soit Français (école du Nord, école du Centre, Paul & Virginie, Lycée des Mascareignes, Lycée Labourdonnais) ou internationaux (Clavis, West Coast, Northfield International school…). Le système éducatif mauricien est propre au pays donc si vous ne comptez pas rester longtemps, ce n’est peut-être pas l’idéal pour votre enfant qui devra changer souvent de programmes.
Concernant l’enseignement en général, nos amis sont plutôt satisfaits de la qualité de l’enseignement (établissements privés pour la quasi-majorité d’entre eux). Au delà du secondaire, il faudra surement opter pour l’étranger : France, Canada, Afrique du Sud, Australie sont les principales destinations pour les études supérieures.
La santé dans tout ça ?
De mon côté, j’avais souscrit à la Caisse des Français de l’Etranger (CFE) au début. C’est pratique si vous rentrez souvent en France. Par contre, si vous devez les joindre, bon courage pour avoir quelqu’un au bout du fil. De plus, les remboursements peuvent prendre beaucoup de temps, beaucoup.
En fonction de votre statut professionnel, vous pouvez souscrire à une assurance santé locale notamment via votre entreprise si vous êtes salarié par exemple.
Vous avez la SWAN (leur appli MySWAN est top – pour tout ce qui est demande de remboursement) ou encore Mauritius Union pour les assurances santé les plus connues.
Beaucoup de Mauriciens iront dans les hôpitaux publics pour leurs soins car gratuit. Quant aux cliniques privées (Darné, Wellkin) qui sont payantes mais réputées pour un meilleur traitement, suivi ou encore pour les qualifications du personnel médical.
Pour le traitement de maladies graves, je vous recommande tout de même d’aller en France (pour ce qui concerne les Français du moins).
Côté finance, a-t-on un bon pouvoir d’achat ?
Ici, la monnaie locale est la roupie mauricienne (MUR) qui peut subir d’énormes variations. C’est ce qu’on a pu le constater ces 2 dernières années avec le contexte sanitaire. En 2018, 1 EUR était égal à MUR 39, maintenant, 1 EUR tourne autour de MUR 45. L’économie en a vraiment pâtit ce qui s’est répercuté avec une inflation des prix des produits importés et une dépréciation de la devise nationale. Pour ceux qui sont payés en euros, c’est le bon plan. Par contre les personnes payées en roupies (comme moi à l’époque), on peut dire que nous avions perdu environ 20% si l’on convertit nos salaires en euros.
Pour les touristes c’est le bon plan. Pour les expats, c’est aussi l’occasion de faire des opérations de change EUR vers MUR.
Comme pour la plupart des îles, tout ce qui est importé est plus cher. Les voitures coûtent très chères pour le coup. Par contre, si vous souhaitez réduire niveau dépenses, vous pourrez agir au niveau des courses si vous achetez local. La main d’oeuvre coute moins chère qu’en France et on peut même se permettre d’avoir des employés de maison : nounou, femme de ménage, jardinier.
De manière générale, on a un meilleur pouvoir d’achat comparé à la France et on vit assez bien surtout si vous avez un salaire d’expatrié. Depuis l’arrivée de mon second enfant, j’ai arrêté de travailler et nous vivons sur le salaire de mon mari uniquement. Je ne suis pas sure que j’aurais pu faire la même chose si l’on vivait toujours en région parisienne.
Notez bien sur que tous les prix des produits ont augmenté comme en Europe, l’essence et tous les autres produits importés en sont fortement impacté. On fait un peu plus attention à nos dépenses, surtout depuis que nous avons des enfants maintenant.
Nous vivons différemment. Nous ne sortons plus autant qu’avant. Les afterworks ne sont pas si courant que ça. Je ne fais plus autant de sessions de shopping. Et puis, je suis maman maintenant, mes priorités ont changé.
Sécurité ?
Est-ce mieux de vivre en résidence surveillée avec gardien ?
Pas forcément. Beaucoup de Sud Africains préféreront car ils comparent à leur pays d’origine. Dans notre cas, nous vivons dans une maison individuelle et n’avons pas de souci.
C’est vrai, nous avons des barreaux à nos fenêtres, ce qui est la norme ici.
Alors, bilan des courses ?
Dans tous les cas, c’est sans regret que nous vivons ici.
Il y a des avantages et des inconvénients comme dans toute expatriation.
Nous sommes effectivement loin de nos proches et nous ne pouvons nous permettre de rentrer fréquemment. En plus de la famille et des amis, certains aliments, plats, restaurants nous manquent.
De l’autre côté, nous menons une vie plus paisible, plus simple avec moins de complications. Nos week-ends sont de vraies évasions et la mer n’est jamais très loin.
1 conseil pour ceux qui souhaiteraient sauter le pas ?
Rester ouvert d’esprit et ne pas être trop attaché à la France.
Le gouvernement Mauricien peut parfois des décisions assez radicales : la fermeture des frontières ou les mesures de confinement en sont deux exemples.
on parle le Français, nous sommes proches de la Réunion mais attention, Maurice ce n’est pas la France. Il s’agit d’une vraie expatriation comme j’aime le dire et vaut mieux s’y être préparé.
